Chichilianne : le loup, l’eau et les communs

Texte de Cécile Fauvel et Franck Leard. Dessins de Julie Brugier.
Conception graphique : Fanette Mellier.

Comment habiter un territoire rural de montagne ? Dans un cadre règlementaire qui se complexifie et requiert un niveau croissant d’expertise, les élus des petites communes voient leurs marges de manœuvre se réduire. Pour redonner du sens à l’action politique locale, le village de Chichilianne, dans le Trièves, a imaginé un mode de fonctionnement qui lui est propre tout en l’inscrivant dans un contexte administratif où se multiplient les centres de décision et de compétences. Il se pose chaque jour la question du vivre-ensemble qu’il construit en prenant en compte la multitude d’êtres – humains, animaux, végétaux, minéraux – qui cohabitent sur le territoire dans un équilibre complexe.

Par son expérience nuancée, humble mais déterminée, la commune montre qu’il faut parfois, pour prendre des décisions politiques efficaces et pragmatiques, risquer de désobéir et de montrer une voie divergente. À travers deux problèmes, la réapparition du loup et la gestion de l’eau, Chichilianne ouvre une brèche dans la manière d’agencer un territoire et rappelle qu’habiter peut être un acte de résistance aux logiques technocratiques.

BIOGRAPHIE DES AUTEURS

Cécile Fauvel est docteure en géographie et rédactrice indépendante. Ses sujets de recherche concernent l’aménagement du territoire et la thématique du développement durable, en croisant les notions d’anticipation et de justice sociale. Implantée à Grenoble, elle s’implique dans une approche des intermodalités urbaines et des alternatives citoyennes valorisant les territoires du quotidien.

Franck Leard est sociologue indépendant et formateur à l’Institut de Formation en Travail Social de Grenoble. Ses thèmes de prédilection renvoient aussi bien à la sociologie urbaine qu’à la sociologie de l’action publique. Il mène également des recherches actions et des études d’usages en participant au collectif de recherche le Champ des Possibles ou avec la Cité du design de Saint-Étienne.

Julie Brugier est designer, doctorante au sein du programme SACRe et membre du groupe de recherche Reflective Interaction à l’EnsadLab. Elle s’intéresse aux situations de crise et développe un intérêt pour la recherche de terrain. Ses travaux actuels interrogent l’évolution de notre rapport aux ressources au regard de la crise environnementale et s’articulent autour d’une production d’objets, d’outils, d’installations et d’événements publics.